POURQUOI LE VENTRE GROSSIT AVEC L'âGE ?

Certains changements corporels liés à l'âge sont attendus. Disons, en tout cas, que nous y sommes préparés. Rides, cheveux blancs, peau et corps moins fermes, tolérance diminuée à l'alcool et aux couchers tardifs en début de semaine, pour n'en citer que quelques-uns. Certains, en revanche, sont plus surprenants, à l'instar de ce ventre qui s'arrondit au fil des années, et ce, a priori, sans qu'aucun changement radical dans nos habitudes alimentaires ne le justifie. Alors qui est le coupable ?

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Un changement physiologique

Tout commence à la trentaine. Une fois la barre des 30 ans passée, les femmes comme les hommes peuvent attester de changements corporels sous l’effet du vieillissement, et également parce que nous sommes un peu moins actifs physiquement. On commence alors à perdre en masse musculaire.

Ces changements - notamment au niveau du ventre - sont plus visibles vers la cinquantaine. Chez la femme, l’explication du phénomène est simple et physiologique. Le ventre grossit sous le jeu des hormones lié à la ménopause, et plus précisément sous l'effet de la carence oestrogénique. Les œstrogènes sont en effet responsables de la répartition des graisses dans le corps, une répartition dite «gynoïde» ; en d'autres termes, localisée au niveau des cuisses et des fesses, et sous-cutanée (ce que l'on a sous les doigts lorsqu'on se pince une cuisse). «À la ménopause, les ovaires arrêtent de produire les œstrogènes et la progestérone : il ne nous reste alors que les androgènes, explique Martine Duclos, cheffe du service médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand et présidente de l'Observatoire national de l'activité physique et de la sédentarité en France (Onaps). La répartition des graisses devient alors “androïde”. La graisse n'est alors plus sous-cutanée mais intra-abdominale : comme les hommes, elle migre vers l'abdomen, autour des viscères, du foie, du pancréas et également autour du cœur.»

Ce phénomène est inévitable et apparaît aux alentours de 53 ans (l'âge moyen de la ménopause en France). Le processus peut commencer avec la préménopause et prendre – en fonction des femmes – un, cinq ou sept ans. «On sait en revanche qu'une femme physiquement active avant et pendant la préménopause, connaîtra une prise de graisse plus faible que les autres, car le sport la limite», informe Martine Duclos.

Sport, alimentation saine et bon sommeil

Bonne nouvelle en revanche : cette graisse est la première mobilisée, et diminuée, lorsque l'on pratique du sport. L'activité physique est d'autant plus importante que la graisse intra-abdominale est dangereuse pour la santé, car située à des endroits où elle ne devrait pas être. «Elle est inflammatoire et favorise le risque de développer des maladies cardiovasculaires et un diabète de type 2», précise Martine Duclos.

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Tous les sports sont bons à pratiquer, l'idéal étant de combiner renforcement musculaire du corps entier et endurance. Interrogée dans un précédent article, la coach sportive Lucile Woodward recommandait un effort cardiovasculaire régulier à raison de deux fois par semaine minimum, en alternant course à pied ou vélo et une séance à la fois courte et intense, comme la course fractionnée. En parallèle, la spécialiste conseillait de miser sur des exercices de musculation dédiés aux abdominaux profonds et superficiels, à l'aide d'une kettlebell, en effectuant du gainage, des battements de jambes en ciseaux ou encore des tractions.

Sans surprise, une alimentation saine et équilibrée est indispensable pour limiter la prise de graisse. La médecin nutritionniste Corinne Chicheportiche-Ayache recommandait dans un précédent article de limiter son apport calorique, sans pour autant se restreindre. En pratique, on privilégie une alimentation riche en légumes et en féculents pauvres en sucre et à indice glycémique bas, comme le quinoa, les légumineuses (pois chiches, lentilles…) ou encore les pâtes ou le riz complets.

Un dernier élément est essentiel pour limiter la prise de graisse liée aux changements physiologiques : un bon sommeil. «Même un déficit de sommeil de 30 minutes ou une heure entraînera une faim plus importante et une résistance à l’insuline, souligne Martine Duclos. On en sécrétera davantage, or, elle favorise la prise de graisse et les troubles métaboliques.»

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