OBéSITé : “JE MANGEAIS MES éMOTIONS, LA NOURRITURE éTAIT MA PREMIèRE BéQUILLE”

Pour Catherine tout a commencé au début de l’âge adulte, avec un régime à 18 ans. “Je ne me souviens même pas pourquoi j’ai voulu faire ce premier régime car je n’avais pas de problème de poids, mais j’ai perdu 10 kilos en deux mois, si bien que je me suis dit que c’était facile de perdre du poids. Avec le recul, je me rends compte que je me suis affamée”, m’explique-t-elle. Diktat de la minceur véhiculé dans les magazines ? Souffrance psychique qui s’est manifestée à travers l’alimentation ? Toujours est-il qu’il était trop tard pour Catherine car elle avait mis le doigt dans l’engrenage. Une trentaine d’années plus tard, alors qu’elle sort tout juste la tête de l’eau, elle nous partage son histoire.

Je me suis souvent sentie seule et en décalage.

Victime de l’effet yoyo, la Francilienne a vu l’obésité s’installer à coup de régimes drastiques. “Je perdais 10 kilos puis j’en reprenais 15, et au fur et à mesure, cela devenait de plus en plus compliqué de perdre du poids. Pendant toutes ces années, je pensais pouvoir m’en sortir seule alors qu’il faut entreprendre une démarche pluridisciplinaire avec plusieurs spécialistes.” Comme de nombreuses personnes souffrant de complexes, la cadre supérieure s’isole et se prive de nombreux plaisirs du quotidien. “J’ai plusieurs fois renoncé à m’asseoir sur la terrasse d’un café car les chaises étaient trop petites et qu’il n’y avait pas assez d’espace entre les tables… Mais je ne pouvais confier à personne ce que je ressentais car je n’avais aucun membre de mon entourage qui avait des problèmes de poids. Je me suis souvent sentie seule et en décalage alors que j’avais une vie professionnelle bien riche.” Si quelques maladresses ont parfois eu lieu de la part d’un collègue de travail qui la félicite pour sa grossesse -non existante-, Catherine souligne qu’elle a rarement eu des remarques déplacées au sujet de son poids.

Au début, je ne comprenais pas pourquoi la diététicienne ne me parlait jamais de calories.

Au fil des années, j’ai tout de même rencontré plusieurs médecins nutritionnistes, des diététiciennes, j’ai fait des cures… J’ai eu plusieurs rendez-vous avec de grands spécialistes nourris d’espoir, mais rien n’aboutissait. Finalement, ce n’est qu’en 2021, avec l’aide de professionnels de santé qui avaient une approche totalement différente de la question du poids, que les choses ont changé.” En effet, Catherine qui est autant épuisée physiquement que mentalement, se sent prête à passer le cap de l’opération bariatrique pour faire une sleeve. Mais elle doit d’abord -comme tous les patients souhaitant entrer dans ce protocole suivre un parcours pré-opératoire pendant au moins six mois. Au programme : rendez-vous avec le chirurgien, rencontre avec un·e psychomotricienne, un·e psychologue, un·e diététicien·ne, etc. Le but ? Accompagner le patient dans son parcours médical pour lui donner toutes les chances de réussite. “Au début, je ne comprenais pas pourquoi la diététicienne ne me parlait jamais de calories. Puis, j’ai découvert la psychomotricité et j’ai beaucoup échangé avec la psychologue. Cela m’a aidée à modifier mon rapport à l’alimentation. Je me suis aperçue que je mangeais mes émotions, surtout quand cela allait mal : une petite contrariété au travail, du stress, de l’ennui… J’anesthésiais tout avec la nourriture qui était ma première béquille.”

2025-03-07T07:04:30Z