LOMBALGIES CHRONIQUES : COMMENT DES CHANGEMENTS DE MODE DE VIE SAINS PEUVENT AIDER à LES SOULAGER

Souvent qualifié de « mal du siècle », le mal de dos peut notamment prendre la forme de lombalgies chroniques. Des chercheurs australiens expliquent récemment en quoi le fait de cibler les risques …

Les lombalgies sont l'une des principales causes d'invalidité dans le monde et de nombreux traitements, notamment les médicaments, ne parviennent souvent pas à apporter un soulagement durable. Pour rappel, la lombalgie chronique est une lombalgie (appelée communément « mal de dos », « lumbago » ou « tour de rein ») qui ne guérit pas au bout de quelques mois, malgré les soins ou l’absence de causes apparentes. S’ils ne représentent que 5 à 7% des cas, ces patients génèrent 70% des coûts de santé liés aux douleurs dorsales (en consultations, traitements et arrêts de travail) selon les précisions du CHU d’Angers. L’organisme souligne que cette pathologie complexe a souvent plusieurs causes enchevêtrées, en particulier psychosomatiques : l’insatisfaction au travail, un mal-être dans la vie privée, une dépression ou encore une procédure médico-légale non résolue. La prise en charge de cette pathologie passe par l’amélioration de la condition physique et psychologique du patient, et son orientation vers un spécialiste approprié : médecin du travail, psychologue clinicien ou psychiatre.

Toujours est-il qu’il n’existe pas de traitement particulier pour les douleurs musculosquelettiques, même si de nombreuses mesures d’ordre général peuvent s’avérer utiles : modification des activités, prise de médicaments soulageant la douleur, application de chaud ou de froid sur la zone douloureuse, exercice physique léger si toléré… Récemment, des chercheurs de l'Université de Sydney ont découvert une solution possible : leur étude, publiée dans JAMA Network Open, a révélé que l'intégration d'un soutien au mode de vie dans les soins du mal de dos pourrait réduire l'invalidité et améliorer la qualité de vie des patients. L’équipe scientifique a recruté 346 personnes souffrant de douleurs chroniques au dos qui présentaient également au moins un risque lié au mode de vie pouvant les influencer, comme une mauvaise alimentation, de l’inactivité physique, un surpoids ou le tabagisme. Les participants ont été répartis en deux groupes : la moitié d’entre eux a reçu des soins de physiothérapie habituels, tandis que l’autre moitié a également reçu des soins axés sur des interventions liées au mode de vie.

« La résolution des maux de dos ne doit pas se concentrer uniquement sur celui-ci »

Plus précisément, les participants de ce groupe, membres du programme « HeLP for pain » (Healthy Lifestyle for Painful conditions) ont reçu le soutien de physiothérapeutes, de diététiciens et de conseillers en santé qui les ont aidés à déterminer les habitudes de vie qui pourraient influencer leur mal de dos, comme le poids, l’inactivité physique, une mauvaise alimentation, un sommeil de mauvaise qualité, le tabagisme ou la consommation excessive d’alcool. Ils ont ensuite reçu des conseils fondés sur des données probantes sur une période de six mois pour les aider à réduire l’impact du facteur en cause. L’approche a montré deux avantages par rapport aux soins standard, à savoir une réduction du handicap, les participants obtenant en moyenne 1,3 point de moins au questionnaire sur le handicap de Roland Morris*, et une perte de poids moyenne de 1,6 kg de plus que le groupe témoin. Selon les auteurs de l’étude, cette découverte remet en question les conceptions traditionnelles de la gestion des maux de dos. Et ce sachant que parmi les affections musculo-squelettiques, la lombalgie est celle dont la prévalence est la plus élevée.

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Comme le précise Chris Williams, chercheur principal et professeur associé, « la résolution des maux de dos ne doit pas se concentrer uniquement sur celui-ci. Notre corps n'est pas comme des machines, nous sommes plutôt comme des écosystèmes où de nombreux facteurs interagissent et déterminent notre façon de travailler et de nous sentir. Les maux de dos ne font pas exception. Ainsi, lorsqu'une personne souffre de maux de dos qui ne s'améliorent pas, elle doit s'attendre à recevoir des soins complets concernant toute une série de facteurs de santé, et pas seulement une attention particulière portée à ce qui se passe au niveau de sa colonne vertébrale. Nous devrions crier ce message sur tous les toits. De plus en plus d’études montrent que les pathologies telles que les hernies discales et la dégénérescence des articulations sont rarement la cause de douleurs dorsales à long terme. » Un constat partagé par l’OMS qui fait remarquer que l’auto-prise en charge joue un rôle important dans les cas de lombalgie pour la reprise des activités de la vie courante, et ce aussi bien pour atténuer les symptômes que pour prévenir les récidives de lombalgie commune.

Lombalgie chronique : l’importance d’une prise en charge holistique

Avoir une activité physique régulière, optimiser son bien-être mental, garder un poids de forme, ne pas fumer de tabac, bien dormir, avoir des activités sociales et professionnelles, faire des ajustements ergonomiques sur le lieu de travail… Autant de recommandations à portée de mains pour les patients mais l’équipe scientifique déplore le fait que peu de personnes en sont informées. Moins nombreuses encore sont celles qui reçoivent le soutien nécessaire pour se concentrer sur les facteurs qui influent sur la douleur et l’invalidité à long terme. « Trop de personnes sont orientées vers une intervention chirurgicale ou se voient prescrire des médicaments qui ne les aident pas, et qui peuvent même entraîner davantage de dommages. », ajoute Chris Williams. Pour ce dernier, l’étude souligne donc la nécessité d’un changement dans le traitement des maux de dos, en s’éloignant des pilules et des procédures, et en s’attaquant aux facteurs liés au mode de vie qui peuvent faire toute la différence. Le CHU d’Angers met en garde sur le fait qu’il il serait illusoire de vouloir passer toute une vie sans subir un jour un torticolis ou un lumbago.

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Et pour cause, le mal de dos, tout comme le rhume, fait partie des petits maux courants, réglés la plupart du temps en quelques jours avec un peu d’antalgique. L'auteure principale et responsable de recherche principale à l'Université de Sydney, le Dr Emma Mudd, a souligné l'impact réel qu’un tel programme pourrait avoir. « De nombreuses personnes souffrant de maux de dos chroniques nous disent qu'elles se sentent abandonnées, souvent orientées vers des traitements coûteux et inefficaces sans se voir proposer les traitements recommandés qui favorisent l'autogestion. En mettant l'accent sur les changements de style de vie et en proposant des interventions simples, elles se sentent en mesure de prendre le contrôle de leur douleur. Cette approche améliore non seulement leurs symptômes, mais aussi leur qualité de vie globale. », atteste-t-elle. En outre, une telle prise en charge holistique pourrait s’avérer bénéfiques au-delà de la gestion de la douleur, en réduisant potentiellement les risques d’autres maladies chroniques. « Les patients ont apprécié le soutien holistique et les résultats parlent d'eux-mêmes. », conclut l’équipe scientifique.

2025-01-15T09:06:40Z