AVOIR UN POIL DANS LA MAIN IS THE NEW COOL

Si on nous avait dit, un jour, qu'il serait possible de s'acheter des Louboutin grâce à un job qui ne demande pas trop d'efforts, on ne se serait pas embêté à aller jusqu'au bac +5 marketing, option management parcours bullshit digital ! C'est pourtant bien ce que la Gen Z semble chercher, depuis que la recherche "Lazy girl job" enflamme les réseaux sociaux et inspire les nombreuses filles paresseuses à donner leurs tips. Le principe est pourtant très simple : le lazy girl job, c'est ce travail peu fatiguant, où l'on s'assoit derrière un ordinateur, où l'on répond à trois mails, on passe deux calls, on prend des pauses (très) longues tout en étant assez bien payé pour vivre une vie paisible le reste du temps. L'apologie de la paresse, la solution pour vivre heureux.se ?

La "girl boss" est morte, vive la "lazy girl"

On pourrait penser à un retour en arrière, depuis que la figure de la "girl boss" a pris possession des lieux de l'espace médiatique, faisant des femmes travailleuses et indépendantes de véritables modèles de réussite. Oui mais voilà, selon cette jeune génération aux allures assez lucides, ce raisonnement serait complètement illusoire. À l'origine de ce mouvement de lazy girls, qui cumule plus de 20 millions de vues sur TikTok, Gabrielle Judge, qui se nomme "anti work girl boss" sur TikTok et donne régulièrement des conseils pour exceller en la matière. "Dire non à son boss", "6 outils pour être paresseuse", "mentir sur son CV"... Pour Gabrielle, ce mood de travailler moins pour vivre mieux serait celui des jeunes de son âge. Elle confiait dans une de ses vidéos "Ma mère m’a élevée seule et je l’ai observée bosser très dur mais c’était toujours quasi impossible pour nous de trouver un logement décent dans nos moyens, déroule la jeune femme depuis le Colorado. En deuxième année d’université, j’ai compris que plus je travaillais bien, moins j’étais récompensée." Mais derrière cette pseudo paresse se cache surtout une dénonciation du système dans lequel nous vivons...

Pour vivre heureux, vivons flemmards

On pourrait penser que cette tendance à chercher la facilité est révélateur des stéréotypes que l'on associe bien souvent aux plus jeunes : ils sont fainéants, ils n'ont envie de rien, ils veulent devenir riches sans trop se fatiguer au travail... Mais ce désengagement serait, en réalité, une dénonciation du système dans lequel nous vivons. La journaliste Salomé Saqué l'explique, dans son dernier ouvrage Sois jeune et tais toi : "Aujourd’hui, la crise climatique, l’une des principales préoccupations d’une partie de la jeunesse en proie à l’éco-anxiété, peut tarir la volonté de s’investir dans un travail qui paraît absurde : à quoi bon tout donner pour un système qui ne me traite pas bien et qui est en train de sacrifier mon avenir ?". Pourquoi vouloir frôler le burn-out pour une entreprise qui s'enrichit sur le dos de ses salariés, alors que ces derniers sont, eux-mêmes, victimes du système que leur entreprise nourrit et qui détruit le monde dans lequel ils évoluent ? Faut-il nécessairement se tuer à la tache pour vivre heureux.se, en tenant uniquement grâce au café et aux promotions données par notre n+2 ? Autant de questionnement que les plus jeunes semblent avoir élucidés, tout simplement, en levant le pied.

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